Ne dites pas à Hollande qu'il est président, il croit toujours qu'il est commentateur de la vie politique. Le regard qu'il porte sur son propre quinquennat forme la colonne vertébrale extrêmement dense de Jusqu'ici tout va mal, le livre de la journaliste Cécile Amar, au titre si bien à propos. En vingt mois, Hollande est devenu le président le plus impopulaire de la Ve République. Cet été, sur fond de chômage qui ne recule pas et de sondages accablants, l'intéressé confie : «Je comprends. On me demanderait ce que je pense, je dirais que je ne suis pas content.» Réagissant comme un «haut fonctionnaire [qui] croit que la politique ce sont des résultats, le bonheur de bons chiffres», écrit l'auteur, reporter politique au Journal du dimanche. François Hollande apparaît en président solitaire, enfermé à l'Elysée d'où il cherche sans cesse à s'échapper : «Comment je sors sans qu'on me voie ?» L'homme assure qu'il n'est «pas très compliqué à comprendre», sans jamais se révéler. Endurci par l'exercice du pouvoir mais lucide sur lui-même.
Mais quid des autres, lui demande Cécile Amar. Martine Aubry «n'a pas été mon premier choix [de Premier ministre], ça peut être mon deuxième choix ou mon troisième choix», assure Hollande. Habile, il précise qu'il «ne sait pas s'il en aura le temps». Jean-Marc Ayrault, dont on apprend au passage qu'il juge la reprise par la croissance du chef de l'Etat comme un «sc