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Libération
EDITORIAL

Conquête

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publié le 19 janvier 2014 à 21h16

Dans l’ordre protocolaire, il est le quatrième personnage de l’Etat. Mais dans la pratique politique quotidienne, son influence et ses ambitions lui donnent un tout autre statut. Homme de pouvoir et d’autorité, il est probablement l’un des rares, aujourd’hui, à pouvoir imposer ses analyses au chef de l’Etat. Ainsi au printemps, alors que François Hollande, accablé par l’affaire Cahuzac, promet une grande loi sur la moralisation de la vie politique, le président de l’Assemblée nationale met à mal ses principaux engagements au motif que la transparence ferait surgir on ne sait quelle «démocratie paparazzi» ou nourrirait l’antiparlementarisme et l’extrême droite. Au prix d’habiles manœuvres de coulisses, il finit d’ailleurs par faire plier le gouvernement. Car Claude Bartolone est aussi un homme de discrète influence et de puissants réseaux. Un homme qui a construit en Seine-Saint-Denis un système dont il est le chef, celui qui choisit les candidats et leurs lieux d’élections ou décide d’en évincer d’autres. Cet élu aux jeux politiciens secrets, décrit comme un parrain politique jusque dans son propre camp, a des ambitions qui ne s’arrêtent pas aux frontières de la Seine-Saint-Denis ou aux portes du Palais-Bourbon. Claude Bartolone veut être, en effet, le patron de la future métropole du Grand Paris et n’écarte pas de succéder à Jean-Marc Ayrault. Reste à savoir si cette stratégie, qui semble de nature à lui assurer la conquête du Grand Paris, suffira à faire de l’ancien lieute