Il marche dans la ville comme si c'était déjà la sienne. S'arrête soudain devant un pylône fatigué. «Quand je vois ça, avec les câbles électriques qui débordent, je trouve ça vraiment moche. Il faudra remplacer ces poteaux. Peut-être mettre des candélabres, certains sont très jolis…» Il s'y voit. Deux mois avant les élections municipales, Steeve Briois, candidat FN, s'imagine déjà dans le fauteuil de maire d'Hénin-Beaumont. Il parle à l'indicatif. Dit «il faudra». Quand il est trop affirmatif et qu'il s'en rend compte, il se fait plus prudent, ajoute «en cas de victoire»… mais son sourire conquérant dément ses précautions de langage.
Des années qu’il attend ça. Briois avait obtenu près de 48% des voix lors de l’élection municipale partielle de 2009, après la révocation de Gérard Dalongeville, maire PS mis en examen pour corruption. Cette année, les signaux lui semblent encore plus favorables, même si un sondage CSA sorti la semaine dernière le donne perdant au deuxième tour devant une liste de gauche conduite par le maire sortant, Eugène Binaisse. A 41 ans, Steeve Briois se laisse porter par une certaine euphorie. Il n’est pas le seul à croire en sa victoire. Depuis quelques mois, sa permanence s’est transformée en bureau des pleurs et des plaintes. Chaque semaine, plusieurs habitants viennent y demander une lettre de recommandation, une aide pour un logement ou un dossier de surendettement… exactement comme dans le bureau d’un maire.