Menu
Libération

Plaidoyer pour la vie privée des présidents

Article réservé aux abonnés
publié le 22 janvier 2014 à 17h06

Personne ne peut vivre sous l’empire de la transparence absolue, pas plus le président de la République que le simple citoyen. Le chef de l’Etat n’a pas pour vocation de ressembler durant son mandat à un hanneton prisonnier d’une coupole transparente. Etre élu au palais de l’Elysée, ce n’est pas être condamné au supplice quotidien du pilori, comme un criminel présumé. Même les trappistes ou les carmélites, qui renoncent à tout, conservent un résidu de vie personnelle. Imposer la transparence absolue à «l’homme de la nation», c’est le mettre, donc nous mettre, en situation de déséquilibre.

Or, depuis le début de la Ve République, la vie privée des Présidents n'a cessé de rétrécir comme une peau de chagrin. Cela a commencé avec la santé. Elle est passée du statut de secret d'Etat sous le général de Gaulle, puis sous Georges Pompidou, à celui de donnée publique aujourd'hui. Le grand mensonge de François Mitterrand, puis le petit mensonge de Jacques Chirac (AVC) n'y sont pas pour rien. Qu'un contrôle strict et régulier de l'état des artères présidentielles constitue un progrès, soit (encore qu'à cette aune, Churchill et Roosevelt auraient risqué d'être écartés du pouvoir au pire moment). Que la publicité des diagnostics transforme les Français en soixante-six millions de cliniciens, est-ce indispensable ?

L’argent ? Il a nourri sous François Mitterrand des fantasmes absurdes, palais à Venise, propriété pharaonique sur la Côte d’Azur, fortune cachée en Suisse. Rien de to