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Libération
TRIBUNE

Vaudeville à la villa Médicis

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par Raphaëlle Renard-Foultier, Docteure en histoire
publié le 22 janvier 2014 à 17h06

La villa Médicis, qui abrite l'Académie de France à Rome depuis le début du XIXe siècle, accueille artistes et chercheurs lors d'une pension de six mois à deux ans. Une bourse leur est versée par l'Etat. Si ces missions paraissent louables, ses contours demeurent flous pour le grand public. L'institution a été le théâtre, depuis 2007, de bouffonneries répétées et paraît, de plus en plus, aux yeux des citoyens - qui sont aussi des contribuables - comme une résidence artistique en collusion avec le pouvoir. On se souvient que le précédent président avait essayé d'exiler un de ses conseillers puis que le frère d'un présentateur de télévision avait tenté de lui ravir le poste avant que l'on y place un ami de la sœur de la première dame de l'époque qui annoncera, plus tard, qu'un ministère lui était offert.

Nouveau vaudeville : la nouvelle compagne supposée du nouveau président a été écartée du jury - mission honorifique mais dotée du pouvoir de l'élection - afin de prévenir tout conflit d'intérêt. Il en résulte pour l'opinion un vrai malaise. Historiquement, ces épisodes semblent cohérents avec la tradition de l'Académie. A ses origines, l'Académie royale de peinture et de sculpture (1648) rassemblait peintres et sculpteurs souhaitant obtenir la protection royale afin d'échapper au règlement de la corporation. Dès le milieu du XIXe, ses détracteurs se font de plus en plus bruyants. La villa connaît une remise en cause de sa position dominante dans le système