Un spectre hante la vie politique française : le retour de Nicolas Sarkozy. Confidences et perfidies assassines entretiennent depuis des mois la petite musique du grand homme en réserve de la République, prêt une nouvelle fois, par devoir et non plaisir, à faire don de son corps à la nation. Une saison 2 très kitsch, entre comte de Monte-Cristo et général de Gaulle. La gauche l’a vécu en son temps avec Lionel Jospin : il n’y a rien de plus envahissant qu’un ex-leader battu dans les urnes qui continue à entretenir le mystère sur ses ambitions. Dans cet art de la glaciation, Sarkozy est passé maître. Il bloque son camp, interdit les débats gênants, rappelle les vassalités anciennes à ses «collaborateurs» qui imaginent pouvoir s’en affranchir. A ceux qu’il rencontre, il offre le visage d’un hyper ancien président à barbe de trois jours. S’il ne se rase plus tous les matins, il ne pense qu’à ça, survolté, encore shooté à la politique, lui qui jadis, devant des journalistes, mimait le geste du drogué se retirant enfin la seringue du bras. Des sujets les plus triviaux aux idées qui pourraient constituer l’armature idéologique de futures batailles (Schengen, l’identité républicaine, la redéfinition du progressisme), du mépris régalien pour son successeur à celui, souverain, pour les ténors de la droite, il occupe tous les espaces, oubliant avec une mauvaise foi stupéfiante la défaite de 2012 et les graves ratés de son quinquennat. Qu’importent les bruits venus de la coulisse, sur s
EDITORIAL
Barbe de trois jours
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par Nicolas Demorand
publié le 23 janvier 2014 à 21h26
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