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Sortir de l’euro : des Nobel pris au piège par le Front national

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Le FN affirme que de nombreux lauréats du prix Nobel d'économie "appellent à la fin de l'euro" en s'appuyant sur des citations... qui ne le confirment jamais.
Le Prix Nobel d'économie 2008 Paul Krugman, le 11 février 2009 à New York. (photo Paul J. Richards. AFP)
publié le 23 janvier 2014 à 17h06
«Prix Nobel d’économie appelant à la fin de l’euro : Paul Krugman (2008), Joseph Stiglitz (2001), Thomas Sargent (2011), Christopher Pissarides (2010), James Mirrlees (1996), Amartya Sen (1998), Milton Friedman (1976).»

Le Front national dans son dossier «Tout ce qu'il faut savoir sur la fin de l'euro»

INTOX. Les Nobel contre l'euro et avec le FN ? Le Front national a dégainé en début de semaine sur son site internet son argumentaire anti-monnaie unique. Une quinzaine de pages censées apporter la preuve des méfaits de l'euro et de l'urgence d'une sortie. Pour légitimer sa thèse, le parti a convoqué une brochette d'économistes nobélisés qui, selon lui, «appellent à la fin de l'euro». Vraiment ?

DESINTOX. Premier cité, Paul Krugman. L'économiste américain, eurosceptique dès l'origine, est assurément l'un des plus critiques sur la monnaie unique. Mais peut-on dire qu'il milite pour sa fin ? Le FN a sélectionné un extrait d'une chronique du Prix Nobel 2008 où il déclare : «Dans les années 30, la condition primordiale pour sortir de la crise a été l'abandon de l'étalon-or. L'équivalent aujourd'hui serait d'abandonner l'euro et de revenir aux monnaies nationales.» Si on va un peu plus loin que le FN dans la lecture, Krugman ajoute : «Une telle initiative peut paraître inconcevable - et sans doute aurait-elle des effets terriblement perturbateurs sur les plans économique et politique. Mais ce qui est vraiment inconcevable, c'est de continuer sur la même voie en imposant des plans d'austérité toujours plus durs à des pays ayant des taux de chômage compar