La création des Verts les 28 et 29 janvier 1984 à Clichy ? «Ça fait une brève dans le Monde et rien dans Libé, qui se fout de l'écologie», rappelle Jean-Luc Bennhamias qui fut leur secrétaire national. L'histoire de l'écologie politique a commencé dix ans auparavant avec un homme à cheveux blancs et pull-over rouge brandissant un verre d'eau. Le 4 avril 1974, les Français découvrent à la télévision le premier candidat écolo à la présidentielle : René Dumont, 70 ans, dans son spot de campagne. «Vous savez ce qui va se passer ? Eh bien, nous allons bientôt manquer d'eau. Et c'est pourquoi je bois devant vous un verre d'eau, précieuse puisqu'avant la fin du siècle si nous continuons un tel débordement, elle manquera.» Le voilà dans les habits du lanceur d'alerte, qui seront endosséspar nombre de ses successeurs. «Il était très radical. Son livre s'appelait l'Utopie ou la Mort, ça rigolait pas», se rappelle Yves Cochet, auteur d'un Pétrole Apocalypse tout aussi effrayant trois décennies plus tard. René Dumont explique qu'il faut manger moins de viande, prendre moins sa voiture, diminuer les allocations familiales pour contrôler la démographie.
Tous les thèmes de l'écologie sont déjà là. Un discours peu audible dans un pays sur la lancée des Trente Glorieuses et où les écolos sont rares et dispersés. Il y a les associatifs d'Eaux et rivières de Bretagne, traumatisés par la marée noire du Torrey Canyon (mars 1967), les militants