L'air de famille ne saute pas aux yeux. Pourtant Gérard Deguise raconte que parfois, même les habitants ne s'y retrouvent plus. Dans les rues de Noyon (Oise), lorsqu'ils le croisent, certains le salueraient d'un «bonjour Monsieur le maire». «Ce n'est pas moi le maire, c'est mon frère», corrige le chef de l'opposition municipale qui fait mine de ne tirer aucune gloire de la confusion. En mars, le candidat de l'UMP, 65 ans, tentera quand même de chiper à Patrick Deguise, son frère cadet socialiste, 57 ans, son fauteuil de maire. Le tout sous le regard enchanté du candidat Front national, Michel Guiniot, qui a rebaptisé ses rivaux «les Dalton» et compte tirer profit de la curiosité locale : «Je vais jouer dessus tant ça tourne au ridicule.»
Dans la petite ville de 15 000 habitants cernée par les champs de betteraves, les hostilités n'ont pas commencé, les affiches de campagne ne sont pas encore collées, mais déjà on s'inquiète de la réputation que va se tailler Noyon dans ce match entre les frangins terribles. «Cette ville d'art et d'Histoire, cité de Jean Calvin, ne mérite pas ça», regrette le sortant. Son aîné confirme «une situation embarrassante». Chacun se désole mais déballe sans se faire prier. «Patrick a toujours été opportuniste, il a la grosse tête.» En face : «Gérard a beaucoup d'ego, il veut prendre sa revanche, il est influençable et trop émotif.»
La brouille remonte à 2008. Jusqu'alors, les terrains de j