Le coming out social-libéral de François Hollande a été salué par le patronat ainsi que par une partie des leaders de l'UMP. Il n'est pas jusqu'au très libéral secrétaire général de l'OCDE, le Mexicain Angel Gurría, qui n'y soit allé de ses félicitations. De son côté, le Nobel d'économie, Paul Krugman, un fervent keynésien, se déclarait scandalisé, jugeant que le virage pris par le président français revenait à embrasser «des politiques économiques de droite pourtant discréditées», assises sur l'idée aussi fallacieuse que néfaste selon laquelle «c'est l'offre qui crée la demande». Dans un registre différent, le leader de la CGT, Thierry Lepaon, s'est demandé si Pierre Gattaz, le patron du Medef, ne serait pas devenu le véritable Premier ministre de la France.
«Certainement pas !» auraient répondu en chœur les sociologues, tels l’Américain Robert Dahl ou le Français Raymond Aron qui, dans les années 60 et 70, formaient ce qu’on appelait alors «l’école pluraliste». Selon eux, nos démocraties se caractérisent par le fait qu’aucune catégorie d’élite ne parvient à y cumuler l’ensemble des ressources du pouvoir, et que chacune tend à poursuivre des objectifs spécifiques. Divergences d’intérêts et conflits sont donc inévitables entre les groupes socialement dominants - en particulier, entre les entrepreneurs capitalistes et les agents de l’Etat. Loin de démontrer la belle unité d’une classe dirigeante monolithique, le pouvoir se révèle comme foncièrement pluri