Pour sortir de la crise, pourquoi, paradoxalement, ne pas faire confiance à la main de l'homme ? A l'heure où les objectifs économiques sont quasi exclusivement financiers et mécanistes - et ce, même à gauche -, un Américain, un peu idéaliste, un peu anarchiste - il le dit lui-même -, ose remettre au premier plan des valeurs fondatrices de l'activité humaine : l'artisanat matériel - comprendre le savoir-faire - et la coopération sociale. Enseignant à la New York University et à la London School of Economics, le sociologue Richard Sennett consacre une trilogie à l'homo faber dans l'espoir de revivifier cette vieille idée qui «fait de l'homme son auteur». «Un fabricant de vie à travers des pratiques concrètes», dit le chercheur. A ceux qui parlent de coût du travail, Richard Sennett répond «qualité» du travail, dont les fondations sont la compétence et la qualification. A ceux qui évoquent la solidarité pour atténuer les effets inégalitaires du capitalisme, lui oppose la coopération, source infinie de sociabilité. C'est le sujet du deuxième tome de sa trilogie, Ensemble, pour une éthique de la coopération, qui vient de paraître chez Albin Michel.
Dans la sphère économique comme dans le milieu du travail, la perte de sens n’est-il pas le mal du XXIe siècle ?
Après la crise financière de 2008, j’ai interrogé de nombreux salariés licenciés de Wall Street. Au-delà de la perte de leur travail, tous soulignaient la faiblesse des relations sociales dans leur entreprise. Si vous travaillez douze heures par jour et sacrifiez votre vie familiale, il est