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Libération

La Manif pour tous, ou l’autre Medef de Hollande

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. (Illustration Stefano Rossetto)
publié le 7 février 2014 à 18h59

Parfois, je me demande si je n'ai pas fait montre, l'autre semaine, à l'endroit de Manuel Valls, d'une complaisance, ­disons, téméraire. Je me demande si je n'ai pas été un peu naïf, un peu bêta, un peu couillon –  voire pire. C'était à propos de la censure par le Conseil d'Etat d'un spectacle de Dieudonné –  censure sinon par moi tout à fait agréée, du moins pas récusée a priori. Ce que c'est que de «penser contre soi-même», hein  ! On peut appeler cela – ce souci de nuancer le trait, de scruter les arrière-plans, de tordre le bras des apparences, en un mot, de dissoner  – le paradoxe du chroniqueur. Ainsi, à imaginer chez le ministre de l'Intérieur une stratégie qui ne relève pas que d'un opportunisme, m'exposai-je à un cruel retour de matraque.

Il advint dimanche, quand, après s'être fait les dents sur le net en y exposant ses fantasmes de propriétaires d'enfants (sa pédophilie à elle), la droite refit défiler sa sainte famille, radotant les souverains poncifs de son intangible «nature humaine», pilier de son bréviaire antiprogressiste. Nostalgique d'un temps où les femmes avortaient à l'aiguille à tricoter et où les bois de la guillotine symbolisaient mieux la justice que les plateaux de ses balances, cette droite marcha, décomplexée par les «reptatives» contorsions «sociales-démocrates», et sa marche fut triomphale. C'est que déjà, sous les appels