Le vote anti-immigration des Suisses est une mauvaise nouvelle. Pour les Suisses eux-mêmes qui, après avoir manifesté il y a quatre ans un sentiment antimusulman à travers la votation contre les minarets, expriment désormais le rejet de leurs voisins les plus proches, dont ils partagent souvent la culture et la langue. Ce repli identitaire qui consacre une fois de plus la stratégie du parti populiste de Christoph Blocher aura nécessairement des conséquences sociales dans un pays qui ne connaît presque plus le chômage. Mais ce vote est également une mauvaise nouvelle pour les Européens, pour la libre circulation des travailleurs et pour les relations étroites nouées de très longue date entre la Suisse et l’Allemagne ou la France. Un vote qui posera nécessairement la présence de la confédération dans l’espace Schengen.
La majorité helvétique qui s’est exprimée dimanche illustre enfin le risque de contagion du discours glauque mêlant le sentiment anti-européen, le rejet des étrangers et le refus d’un supposé «système» politique. Cette prolifération du populisme en Europe est d’autant plus inquiétante qu’elle contamine partout, et notamment en France, la droite républicaine. Le satisfecit attribué par François Fillon aux électeurs suisses en est une sombre illustration. A la veille d’élections continentales qui risquent de consacrer les démagogues de tout poil, c’est une réponse européenne que les républicains doivent apporter. L’indignation entendue, hier, à Paris, Berlin, Londr