Anticiper l’inéluctable pour ne pas perdre la face. Lundi à 18 heures, le sénateur UMP Serge Dassault a annoncé au président de la Haute Assemblée, Jean-Pierre Bel (PS), qu’il accédait de son propre chef à la demande des juges, renouvelée vendredi, de lever son immunité parlementaire. Une décision rien moins que spontanée. Après un week-end de consultations juridiques et de tractations politiques infructueuses, l’avionneur s’est rendu à l’évidence : le bureau du Sénat qui se réunit ce matin allait cette fois à coup sûr arbitrer pour la levée. C’est que Bel avait pris ses dispositions pour que le scénario noir du 8 janvier ne puisse se réitérer. Ce jour-là, alors même que la gauche est majoritaire au bureau du Sénat (14 voix contre 12), la demande de levée d’immunité de Dassault avait été repoussée au terme d’un vote à bulletin secret. Ce résultat inattendu avait alimenté les soupçons de collusion, voire de corruption, au sein de la majorité de la Haute Assemblée. Et ouvert un nouveau boulevard à ceux qui, à l’instar de Marine Le Pen, réclament la suppression de la deuxième chambre.
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Secret. Mesurant l'urgence d'une riposte, le président du Sénat avait aussitôt décidé de mettre à l'ordre du jour du bureau - qui se tient ce matin - la réforme de l'examen des demandes