
C’est une ville pleine de cachet, nichée en lisière de la forêt d’Othe surplombant une Yonne vive et brunâtre. Avec ses maisons à colombage, ses rues tortueuses et ses vignobles de pinot gris, Joigny, petite commune du nord de la Bourgogne, ressemble à une belle endormie délaissée par un amant indifférent. A équidistance de Sens et d’Auxerre, elle n’est pas si loin de la capitale (1 heure 10 en train) ou de l’autoroute A6. Mais depuis une quinzaine d’années, la ville s’éteint tout doucement se vidant de ses commerces, de ses habitants et de ses entreprises. Un ralentissement et une hémorragie que les maires successifs peinent à juguler.
2008, un corbeau et une bascule à gauche
Ici, les municipales de 2008 sont encore dans les mémoires. Le scénario avait tout du téléfilm régional : cinq candidats au premier tour, dont deux issus d'une droite déchirée, un outsider, et un corbeau. Trois jours avant le second tour des élections, près de 200 personnes, commerçants, entrepreneurs, professeurs et professions libérales reçurent une lettre anonyme mettant intimement en cause la vie privée du maire UMP, Philippe Auberger. En place depuis 1977, celui-ci perd la mairie. A deux voix près, la ville bascule à gauche, une première depuis 1935. Le Conseil d'Etat a bien invalidé les élections, considérant que cette «correspondance privée atteignant l'honorabilité du maire sortant, a été de nature à déstabiliser un grand nombre d'électeurs». Qu'importe, en 2009, Bernard Moraine (DVG) emporte une victoire écrasante avec 65% de