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Libération
Joigny, ville en campagne (1/7)

Joigny, chronique d'une ville en quête de rebond

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«Libération» raconte la municipale depuis cette commune bourguignonne de 10 000 habitants qui a vu partir en dix ans services hospitaliers, tribunaux et militaires.
Joigny, 10400 habitants, à 1h10 de train de Paris. (Photo Emmanuel Robert-Espalieu pour Libération)
publié le 17 février 2014 à 15h00
Dans le cadre des municipales, Libé s'est installé à Joigny, petite commune de 10 400 habitants, située dans l’Yonne. Pourquoi Joigny ? Parce que depuis des années, cette ville est victime de la crise et des réformes politiques successives décidées à Paris. Emblématique des villes ravagées par  la RGPP, Joigny doit se reconstruire. Comment la campagne municipale adresse-t-elle ces enjeux ? Petite déambulation en sept épisodes dans cette jolie ville d’art et d’histoire.

C’est une ville pleine de cachet, nichée en lisière de la forêt d’Othe surplombant une Yonne vive et brunâtre. Avec ses maisons à colombage, ses rues tortueuses et ses vignobles de pinot gris, Joigny, petite commune du nord de la Bourgogne, ressemble à une belle endormie délaissée par un amant indifférent. A équidistance de Sens et d’Auxerre, elle n’est pas si loin de la capitale (1 heure 10 en train) ou de l’autoroute A6. Mais depuis une quinzaine d’années, la ville s’éteint tout doucement se vidant de ses commerces, de ses habitants et de ses entreprises. Un ralentissement et une hémorragie que les maires successifs peinent à juguler.

2008, un corbeau et une bascule à gauche

Ici, les municipales de 2008 sont encore dans les mémoires. Le scénario avait tout du téléfilm régional : cinq candidats au premier tour, dont deux issus d'une droite déchirée, un outsider, et un corbeau. Trois jours avant le second tour des élections, près de 200 personnes, commerçants, entrepreneurs, professeurs et professions libérales reçurent une lettre anonyme mettant intimement en cause la vie privée du maire UMP, Philippe Auberger. En place depuis 1977, celui-ci perd la mairie. A deux voix près, la ville bascule à gauche, une première depuis 1935. Le Conseil d'Etat a bien invalidé les élections, considérant que cette «correspondance privée atteignant l'honorabilité du maire sortant, a été de nature à déstabiliser un grand nombre d'électeurs». Qu'importe, en 2009, Bernard Moraine (DVG) emporte une victoire écrasante avec 65% de