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Libération

La montée des nationalismes

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publié le 19 février 2014 à 17h06

Avec sa votation en faveur de l’instauration de quotas d’immigrés, la Suisse vient de donner l’heure à l’Europe : nous voici de nouveau face à une montée des nationalismes. Bien entendu, les eurosceptiques et les souverainistes de tous poils se récrient et relativisent ce vote (qui en confirme néanmoins deux autres allant dans le même sens) en assurant qu’il ne s’agit que d’une réaction ponctuelle de bon sens devant un flux migratoire excessif. Cette stratégie du déni ne résiste pas à l’examen. La votation a été réclamée par le parti ostensiblement populiste du milliardaire Christoph Blocher, lequel se présente lui-même en adversaire farouche de l’Europe. Sa formation pèse désormais régulièrement 25% des votes. Elle joue méthodiquement du particularisme helvète et de la crise identitaire suisse. Elle n’a malheureusement rien d’exceptionnel. Ce qui se passe en Suisse se passe dans une grande partie de l’Europe. Après un demi-siècle de construction d’une Europe démocratique, pacifique, acquise à l’économie de marché, voici depuis une décennie un mouvement inverse qui se développe. L’Europe est menacée de déconstruction par la montée des nationalismes et la votation suisse ne fait que précéder de trois mois des élections européennes qui vont malheureusement le confirmer.

C’est en effet à l’échelle européenne que le syndrome suisse prospère. En Grande-Bretagne, il s’apprête à triompher. L’Ukip, militant ardemment pour une sortie de l’Europe, distance déjà les conservateurs au pou