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TRIBUNE

Le périurbain, terreau du FN ?

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. (Illustration Stefano Rossetto)
par Eric Charmes, Directeur de recherche, laboratoire Rives, Entpe, Vaulx-en-Velin
publié le 19 février 2014 à 17h06

Quand le périurbain et les élections arrivent dans une conversation, le Front national n’est jamais bien loin. Régulièrement des cartes et des courbes montrent que les votes en faveur du FN atteignent leur pic dans les couronnes périurbaines des grandes villes. Forts de ce constat, certains n’hésitent pas à voir dans ces zones un terreau du FN. Cette association du périurbain à un vote est cependant de plus en plus contestée par les chercheurs. Ces territoires sont trop vastes et trop variés pour être réduits à un vote. Ainsi, la couronne périurbaine de Paris compte à elle seule 1 385 communes ! Dans cet ensemble, les votes sont très divers, reflet d’une sociologie elle-même très diverse.

Contrairement à ce que pourrait laisser penser une lecture rapide des thèses de Christophe Guilluy, le périurbain n’est pas uniquement peuplé de ménages modestes ou en difficulté. Beaucoup de familles aisées sont attirées par les nombreuses communes périurbaines qui offrent une bonne accessibilité à des emplois, tout en proposant un cadre de vie villageois, avec une faible densité et beaucoup de verdure (9 communes périurbaines sur 10 ont moins de 2 000 habitants). Et les habitants de ces communes ne vivent pas dans le ressentiment et ne votent pas en masse pour le FN. A Châteaufort par exemple, commune verdoyante et bien située des Yvelines, les habitants ont très peu voté pour Marine Le Pen, qui a obtenu 6,83% au premier tour de l’élection présidentielle de 2012. L’orientation politique do