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Libération
TRIBUNE

Une xénophobie au quotidien

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par Danielle Floutier, Professeure des écoles, militante antiraciste et sociale
publié le 19 février 2014 à 17h06

Candidate du Front de gauche aux élections législatives de 2012 dans la deuxième circonscription du Gard où a été élu comme député le candidat du Front national Gilbert Collard, j'avais déjà pu constater que les difficultés rencontrées par la population de cette circonscription de Camargue pouvaient conduire à l'expression de propos et de comportements de rejet des immigrés rendus responsables de tous les maux. Nombreux sont les propos xénophobes que j'ai pu entendre sur les marchés des différents villages : «je vote Marine. Elle les mettra tous dehors», ou encore venant de la part de personnes elles-mêmes immigrées d'origine espagnole : «Nous, ce n'est pas pareil, on travaillait, eux, regardez-les, ils font rien. Ils vivent sur notre dos ou trafiquent la drogue».

Tout se passe comme si l'élection de Collard avait libéré et légitimé la parole et des actes jusque-là plus ou moins refoulés. Quelques semaines après l'élection de Collard, cela s'est manifesté sous des formes de violences diverses. Comme les agressions racistes d'Aigues-Mortes contre un groupe de jeunes Maghrébins et la banalisation de ces actes par des citoyens ou encore celles dans le petit village du Cailar, où des slogans racistes ont été proférés par des jeunes («on n'est pas des bougnouls») revendiquant d'être des «fachos» suscitant peu de réaction de la part des élus locaux. Ces incidents ont instauré dans les villages un climat délétère de tension, d'intolérance, de xéno