Présentée comme cofondatrice du Mouvement de libération des femmes (MLF), la «papesse» de l'émancipation, Antoinette Fouque, disparue jeudi à l'âge de 77 ans, avait créé et dirigé les Editions des femmes (1973) et les Librairies des femmes. Animatrice du groupe «Psychanalyse et politique», l'un des courants du féminisme en France, elle avait été députée européenne (sur la liste radicale de Bernard Tapie) de 1994 à 1999. Son livre, Il y a deux sexes, a été réédité en 2004. Quelle a été sa place dans l'histoire récente du mouvement des femmes ? Geneviève Fraisse, philosophe, historienne de la pensée féministe, auteure, entre autres, de la Fabrique du féminisme (éd. le Passager clandestin, 2012) et de A côté du genre, s exe et philosophie de l'égalité (éd. le Bord de l'eau, 2010) revient sur le débat autour du féminisme français.
Antoinette Fouque a été saluée, depuis sa disparition, comme une «grande et belle voix du féminisme». Quel a été son rôle dans le mouvement en France ?
Puisqu'on parle de grande voix, je remarque que cette même semaine, on a évincé une vraie grande voix du féminisme, Olympe de Gouges, l'auteure révolutionnaire, en 1791, de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne. Elle avait été plébiscitée par les internautes pour entrer au Panthéon, mais n'a pas été choisie par le président de la République. Or, Najat Vallaud-Belkacem, porte-parole du gouvernement, salue, au contraire, une autre «grande voix féministe» qui s'est tue, celle d'Antoinette Fouque. Intéressante coïncidence, superposition gênante. Et cela pose la question : une femme seule fait-e