
A première vue, elle a tout pour plaire. Centrale, piétonne, gorgée de petites boutiques, exempte de voitures donc de pollution et de bruit, la rue Gabriel-Cortel, voie principale de Joigny, reste un mystère. A partir des quais de l’Yonne, elle permet de monter vers la vieille ville, son château et ses églises. Emaillée de bâtiments classés, de maisons à colombage, elle pourrait être l’écrin parfait d’une vie commerçante active, elle n’est que l’ombre de ce qu’elle a été. Peu fréquentée, elle fait l’effet d’une rue fantôme.
«Turnover»
«Avant il y avait trois bouchers, un fromager, un boulanger… La rue était fréquentée, maintenant c'est mort», raconte Christian Dussault, épicier. Les commerces de bouche ont disparu, remplacés par un salon de beauté, un autre de coiffure, une épicerie, un bar libertin, un tatoueur, une librairie spécialisée dans les BD, des magasins de déco ou de vêtements… «Il y a des modes, raconte Christian Dussault. A une époque, des femmes de notables ouvraient des commerces de vêtements, puis il y a eu la déco, les kebabs. En ce moment, c'est la cigarette électronique.» Deux magasins d'e-cigarettes ont ouvert l'un face à l'autre.
Si une poignée de boutiques ont résisté aux années, la plupart d'entre elles accusent un effrayant turnover. «Il faut arrêter de filer des commerces à des personnes qui n'y connaissent rien, peste une commerçante, c'est un métier.» «Pour faire sa place, il