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Libération
Joigny, ville en campagne (3/7)

La rue commerçante de Joigny en désertion

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Montante, étroite… L’artère principale de la vieille ville a peu à peu été désinvestie.
A Joigny, les commerçants de la rue Cortel peinent à faire vivre leurs boutiques. (Photo Emmanuel Robert-Espalieu)
publié le 24 février 2014 à 20h46
(mis à jour le 27 février 2014 à 11h29)
Dans le cadre des municipales, Libé s’est installé à Joigny, petite commune de 10 400 habitants, située dans l’Yonne. Pourquoi Joigny ? Parce que depuis des années, cette ville est victime de la crise et des réformes politiques successives décidées à Paris. Emblématique des villes ravagées par la RGPP, Joigny doit se reconstruire. Comment la campagne municipale adresse-t-elle ces enjeux ? Petite déambulation en sept épisodes dans cette jolie ville d’art et d’histoire.

A première vue, elle a tout pour plaire. Centrale, piétonne, gorgée de petites boutiques, exempte de voitures donc de pollution et de bruit, la rue Gabriel-Cortel, voie principale de Joigny, reste un mystère. A partir des quais de l’Yonne, elle permet de monter vers la vieille ville, son château et ses églises. Emaillée de bâtiments classés, de maisons à colombage, elle pourrait être l’écrin parfait d’une vie commerçante active, elle n’est que l’ombre de ce qu’elle a été. Peu fréquentée, elle fait l’effet d’une rue fantôme.

«Turnover»

«Avant il y avait trois bouchers, un fromager, un boulanger… La rue était fréquentée, maintenant c'est mort», raconte Christian Dussault, épicier. Les commerces de bouche ont disparu, remplacés par un salon de beauté, un autre de coiffure, une épicerie, un bar libertin, un tatoueur, une librairie spécialisée dans les BD, des magasins de déco ou de vêtements… «Il y a des modes, raconte Christian Dussault. A une époque, des femmes de notables ouvraient des commerces de vêtements, puis il y a eu la déco, les kebabs. En ce moment, c'est la cigarette électronique.» Deux magasins d'e-cigarettes ont ouvert l'un face à l'autre.

Si une poignée de boutiques ont résisté aux années, la plupart d'entre elles accusent un effrayant turnover. «Il faut arrêter de filer des commerces à des personnes qui n'y connaissent rien, peste une commerçante, c'est un métier.» «Pour faire sa place, il