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Libération
Enquête

Handicapés, de placements en déplacement

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Accusant un retard considérable dans la prise en charge des personnes handicapées, la France se défausse sur la Belgique et ses lucratives «usines». C’est ce qu’a vécu Fabien, autiste ballotté des Yvelines à la Corrèze, puis en Wallonie, où il est mort, à 21 ans, loin de sa famille.
(Dessins Chloé Poizat)
publié le 28 février 2014 à 17h06
(mis à jour le 3 mars 2014 à 15h32)

Sur le mur du salon, une immense photo de son fils Fabien. Un beau garçon de 21 ans, plein de tonus et de vie. «A la maison, c'était un petit garçon qui bougeait, qui avait une vraie joie de vivre. Il était très câlin, aussi. Un enfant comme les autres mais qui souffrait juste d'autisme», commence Sylvie, deux minuscules chiens blottis sur les genoux. Depuis le 2 novembre 2012, jour de la mort de Fabien, elle n'arrive plus à dormir. Elle refait le film dans sa tête, dans un sens, puis dans l'autre. «Je voudrais lui rendre sa dignité, qu'on reconnaisse qu'il est mort à cause d'une erreur.» L'histoire de Fabien est «compliquée», dit-elle, hors du commun, mais elle résume à elle seule tous les dysfonctionnements dans la prise en charge des personnes handicapées en France.

Fabien a 11 mois quand les médecins posent leur diagnostic : retard psychomoteur et mental important et troubles du comportement associés. Il grandit dans les Yvelines, avec ses quatre frères et sœurs. «Pour nous, il n'était pas différent. On lui parlait normalement, on s'amusait, il nous suivait partout», raconte Jessie, la cadette. Les autres vont à l'école, lui reste à la maison auprès de sa mère, avec quelques détours par le service de psychiatrie infantile de l'hôpital de Montesson. Puis, à 10 ans, «il a été envoyé en Corrèze, explique Sylvie, c'était le seul endroit où il restait de la place.»

La «terre d’accueil» corrézienne

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