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Libération
Joigny, ville en campagne (5/7)

Contre les hordes de chats, l’Yonne impose son véto

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«Libération» raconte les élections municipales depuis cette commune bourguignonne de 10 000 habitants.
publié le 2 mars 2014 à 21h06
Dans le cadre des municipales, Libé s’est installé à Joigny, petite commune de 10 400 habitants, située dans l’Yonne. Pourquoi Joigny ? Parce que depuis des années, cette ville est victime de la crise et des réformes politiques successives décidées à Paris. Emblématique des villes ravagées par la RGPP, Joigny doit se reconstruire. Comment la campagne municipale adresse-t-elle ces enjeux ? Petite déambulation en sept épisodes dans cette jolie ville d’art et d’histoire.

Déambuler la nuit dans Joigny (Yonne) est une expérience étrange : il n’y a pas un chat, ou plutôt si, il n’y a que ça. Des matous mal emmanchés, des mistigris qui se castagnent, de la chatte en maraude, d’énormes spécimens. Ils n’ont pas de carte d’électeur mais ce sont probablement les résidents les plus heureux de Joigny. Ils disposent d’un territoire exceptionnel fait de ruelles tortueuses, de jardins en friche, de rives désertes. Et se régalent des dons sans cesse renouvelés d’habitants sensibles ou des poubelles sorties pour la nuit, chassent à leurs heures perdues et s’accouplent sauvagement à la sortie de l’hiver.

Ces chats constituent une population autonome, ils ne font l'objet d'aucune identification, vaccination, ni d'aucun suivi vétérinaire et présentent donc un risque sanitaire pour les animaux domestiques. «Vous savez, ça va très très vite, explique-t-on à la SPA de l'Yonne. A raison de trois portées par an, un couple de chats peut théoriquement donner naissance à plus de 20 000 chatons en quatre ans !» Pour éviter ce type d'invasion et toutes ses nuisances (odeurs d'urine, miaulements, bagarres, sacs d'ordures éventrés…), depuis 2005, la mairie a signé une convention avec les deux vétérinaires de la ville pour stériliser ce beau monde. Mâles ou femelles, la sentence est la même : couic.

97 chats ont été stérilisés en 2013

Le scénario se répète en moyenne deux fois par semaine. Des habitants repèrent des conciliabules de félins et rencardent les services techniques. Pas moins de