A Fontgombault, un collectif citoyen s’indigne des propos homophobes du maire et dénonce l’influence de l’abbaye bénédictine toute proche, dont deux moines siègent au conseil municipal. Ces «indignés» présentent une liste d’opposition aux élections. Du jamais-vu en trente-sept ans. Fontgombault, ses 290 habitants, ses maisonnettes et son épicerie multiservices qui ronronnent à l’ombre d’une abbaye depuis l’an de grâce 1091. Ici, Vatican II s’est fracassé sur un mur antédiluvien. On célèbre la messe en latin, et c’est l’écho des chants grégoriens qui donne l’heure. Loin de s’abandonner à la contemplation, les moines qui la peuplent y ont à cœur de faire bénéficier les citoyens de leur «saine» vision de l’ordre universel.
Pétition. Parmi les administrés, peu osent parler, mais les rares témoignages sont édifiants. Il faut dire que tous reçoivent de l'abbaye des missives personnelles un tantinet pressantes, les encourageant à la sainteté. Les langues se délient cependant depuis octobre, à la faveur d'une délibération où le maire et son conseil ont promis de démissionner s'ils devaient marier des homos - car il existe «une loi naturelle supérieure aux lois humaines». La préfecture a lancé un recours pour faire annuler la délibération dénoncée par plusieurs habitants, et une pétition circule dans le village. Deux conseillers ont démissionné, un autre ne repartira pas avec l'édile sortant.
Fontgombault est coupé en deux. Il y a