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Libération

Le juge d’instruction, bête noire de Sarkozy

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L’ancien président se méfie de ces magistrats trop indépendants à son goût.
publié le 7 mars 2014 à 21h46

Le soupçon de «trafic d'influence» auprès d'un magistrat en dit long sur la relation à la fois opaque et tumultueuse entre Nicolas Sarkozy et la justice. Le point d'orgue a été, en 2009, l'annonce d'un projet - avorté - de suppression des juges d'instruction. Ces juges-enquêteurs, indépendants du pouvoir politique, capables aujourd'hui de le placer sur écoute, ont de tout temps été l'obsession de Sarkozy. Pour lequel un bon magistrat est un magistrat qui obéit. Si l'ancien président s'est déclaré scandalisé par l'affaire d'Outreau et les errements du juge Burgaud pour justifier son aversion à l'égard des juges d'instruction, ce sont bel et bien ceux en charge des dossiers politico-financiers qui l'ont toujours hanté.

Parmi les ennemis jurés de l’ancien président, Renaud Van Ruymbeke, qui a porté l’affaire Clearstream, a longtemps figuré en haut de la liste. Puis ce fut Isabelle Prévost-Desprez, juge d’instruction de Nanterre en charge du volet abus de faiblesse au début de l’affaire Bettencourt. Peu après son accession à l’Elysée, le risque de la voir progresser sur ce dossier brûlant est tel que Philippe Courroye, procureur à Nanterre et très proche de Nicolas Sarkozy, refuse de nommer un juge d’instruction. Pendant des mois, comme l’attestent les agendas de l’ex-président, Courroye a fait partie des visiteurs du soir de l’Elysée. A l’automne 2010, après des mois de guérilla judiciaire, Prévost-Desprez est débarquée du dossier, qui est dépaysé à Bordeaux. Ironie du