Elle vous reçoit dans un petit salon baigné de lumière. Les coudes bien campés sur la table de verre et le sourire engageant. Béatrice Le Marre, 48 ans, maire de Ploërmel, commune de 10 000 habitants du Centre-Bretagne, a une triple particularité. Elle est socialiste dans un pays depuis toujours très conservateur, première magistrate dans une région où le machisme est encore prégnant et elle a réussi à faire tomber en 2008 Paul Anselin, autocrate notoire qui règnait sans partage sur la ville depuis 1977. Presque accessoirement à l’entendre, quelques mois après son élection, en raison d’une sclérose en plaques, elle s’est retrouvée en fauteuil roulant.

«Ça, c'est mon affaire personnelle et privée et je m'en arrange, dit-elle avec force pour évacuer le sujet. Ce n'est pas dans ma tête et je ne le vois pas dans les yeux des personnes que je rencontre.»

Statue. Exit donc la question du fauteuil qui ne l'empêche ni d'aller à Rennes chaque jeudi pour honorer son mandat de conseillère régionale, ni de tenir des réunions publiques pour la campagne électorale. L'autre sujet sur lequel elle ne tient guère à s'épancher n'est autre que le cas de son prédécesseur, dont l'ombre plane toujours sur la ville et qui se représente à 82 ans. «Je l'aurai toujours dans les pattes», soupire celle dont l'engagement politique se confond avec la volonté de combattre le système «clivant» incarné par Anselin. Il est vrai que celui-