Devant le marchand d'épices, Jean-Claude Gaudin la joue canaille pour offusquer les bourgeoises : «Ce dont j'ai besoin, c'est d'un produit un peu plus spécifique…» Au stand suivant, il saisit un soutien-gorge : «Avec ça, pas de ballottage !» De sortie au marché, vendredi, le maire UMP de Marseille fait ce qu'il réussit le mieux : il joue Gaudin. A un gamin : «Je suis le shérif !» Aux dames mûres : «Alors, les jeunes filles, ça va ?» A d'autres, plus âgées : «Les plus belles femmes de Marseille sont là !» Ça rigole, ça cancane : comme agent d'ambiance, il n'y a pas mieux.
Fragilisé par l’usure et le temps, Jean-Claude Gaudin s’ébroue en arpentant les rues. Il vise un quatrième mandat. En face, Marseille est devenu un enjeu national pour la gauche. Faire tomber la deuxième ville de France masquerait l’éventuelle vague de défaites ailleurs.
«Je l'aime parce qu'il est droit», affirme une dame arabe en foulard. Enfin droit… plus vraiment : le poids des ans fait courber ses épaules. Mais c'est un diesel. Il commence la visite la patte lourde pour la finir le cœur léger de voir qu'on se presse toujours pour une photo avec lui. L'ancien prof d'histoire(s) récite sans se tromper le résultat des municipales de 1947. Pour le passé, Gaudin est bon. Pour le présent et l'avenir, il se montre plus approximatif. Il sort un papier où figurent les chiffres-clés, compte sur ses aimables colistiers pour lui souffler les réponses. Comme on l'in