Rémy Bargès a dirigé d’août 2008 à mai 2012 le cabinet de Jean-Noël Guérini, le puissant président (PS) du conseil général des Bouches-du-Rhône, multi-mis en examen. Lui-même mis en examen pour «destruction de preuves», après le remplacement d’ordinateurs à la veille d’une perquisition, Bargès avait jusqu’à présent toujours refusé de s’exprimer publiquement
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Pourquoi prendre la parole maintenant ?
Les municipales peuvent être un tournant pour Marseille, afin de sortir des systèmes qui paralysent la ville. J’ai vu de l’intérieur leur fonctionnement. En rendre compte, les préciser, cela peut clarifier le soupçon de clientélisme qui pèse sur la quasi-totalité de la classe politique marseillaise. Et comprendre comment fonctionne le népotisme, le clientélisme, permet peut-être de mieux les combattre.
Ce clientélisme, comment fonctionnait-il de l’intérieur ?
Il y a deux niveaux de clientélisme très organisés autour de Jean-Noël Guérini. Le premier permet de tenir les élus et le parti grâce aux financements du conseil général. Cette manne de 2,5 milliards d’euros lui permet d’être puissant. Il s’appuie sur les subventions et sur l’aide aux communes pour exercer son influence. C’est ainsi par exemple qu’il prépare les prochaines sénatoriales, en s’assurant le vote de grands élus. Après mon départ, l’aide aux communes est passée de 100 à 140 millions d’euros ces deux dernières années. Les élus tremblent à l’idée d’être privés de subventions pour leur territoire. Guérini est en effet très manichéen. On est avec lui, ou contre lui. Il soigne, nourrit celui qui est