Après le séisme à droite, c'est le gouvernement qui s'est retrouvé englué mardi soir dans les écoutes téléphoniques de Nicolas Sarkozy avec les déclarations contradictoires de Christiane Taubira sur ce dossier. Accusée d'avoir «menti» en affirmant tout ignorer, la ministre de la Justice s'est défendue hier, point par point, et a exclu de démissionner. Enquêteurs, magistrats, cabinet du ministre : beaucoup de monde savait que l'ancien président avait été mis sur écoute depuis septembre 2013. Mais savoir n'est pas forcément intervenir. Voici le cheminement de la communication des informations entre justice, police et politique autour de ce dossier ultrasensible.
Avril 2013 : ouverture de l’information judiciaire sur la Libye
Quand les juges chargés de l’enquête sur un possible financement de la campagne du candidat Sarkozy par la Libye sont saisis en avril dernier, personne n’est informé de leurs investigations. Ils travaillent en toute indépendance de l’exécutif. Ainsi le 3 septembre, quand ils décident de placer Nicolas Sarkozy sur écoute, ils n’avertissent pas le parquet. Si les procédures prévues par les textes ont été respectées, seuls les deux juges d’instruction et les officiers de police judiciaire, chargés de faire les réquisitions auprès des opérateurs téléphoniques et de retranscrire les écoutes étaient au courant.
Dans la lettre écrite par le parquet général à la chancellerie fin février pour l'informer de l'ouverture d'une nouvelle enquête et dont le Monde a révélé la transcription, une phrase pose question, le