Le jour des élections municipales, dimanche 23 mars, Micheline Villier va se retrouver dans une situation plus qu'inhabituelle : «Je voterai contre moi.» Habitante de Lillebonne (Seine-Maritime), cette veuve de 55 ans fait partie de ces citoyens inscrits malgré eux sur des listes du Front national.
Formulaire. Elle a signé, sans comprendre ce qu'elle faisait, un formulaire Cerfa, qui l'enregistre comme colistière FN sur sa commune. Elle raconte : «Un monsieur, [Bruno Blondel, la tête de liste FN, ndlr] m'a dit qu'il était à la recherche de gens pour l'aider "à se faire connaître". C'est quelqu'un de très gentil. A un moment, il m'a dit qu'il pensait à devenir maire. Il ne m'a pas parlé d'être sur une liste. On n'a pas parlé politique. Moi, je n'en parle pas, je ne suis ni de droite ni de gauche, je ne connais pas. J'ai signé en confiance, en disant, si je peux apporter quelque chose ! Ça ne me coûte rien.» Sur le pas de la porte, le candidat lui glisse qu'il est FN. «Avec le recul», Micheline dit qu'elle a été «naïve».
Elle n'est pas la seule. Dans la même commune, William Leroux, un ancien gérant de bar tabac, en invalidité qui, selon ses propres dires, a fait un AVC et n'a «pas par moments toute sa tête», s'est retrouvé dans la même situation. Et dans le même département, au Grand-Quevilly, 22 personnes sur 35 ont demandé à ce que leur nom soit retiré de la liste Bleu Marine. Jean-Pierre Verd