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Libération
EDITORIAL

Pain bénit

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publié le 12 mars 2014 à 21h46

Une semaine est une éternité en politique. C’est ce que doit se dire l’opposition en se frottant les mains devant l’opération de diversion qu’elle a mise en œuvre dans l’affaire des écoutes, avec l’aide indirecte du gouvernement et plus particulièrement de la garde des Sceaux.

Il y a encore peu, l’UMP traversait une séquence des plus noires, entre soupçon de favoritisme pesant sur Jean-François Copé, révélations des enregistrements du sinistre Buisson et accusations de trafic d’influence visant Nicolas Sarkozy. Et puis, peu à peu, la machine à amalgames de la droite s’est mise en marche, transformant un scandale gravissime de corruption de magistrat impliquant un ancien président en un prétendu acharnement de la justice ourdi par le pouvoir en place. Aujourd’hui, la faute politique de Christiane Taubira est évidemment du pain bénit pour l’UMP, qui vient ajouter l’argument du «mensonge» à celui du «sombre complot». Soudain transformé en parangon de vertu, Copé a beau jeu de faussement s’indigner pour demander la démission de la ministre de la Justice, qui n’a clairement pas dit tout ce qu’elle savait sur les écoutes à TF1 et dont l’évocation d’un «malentendu» n’a convaincu personne. L’épisode est d’autant plus regrettable que l’exécutif avait au contraire l’occasion de souligner qu’il avait été averti en temps et en heure de l’information judiciaire selon les procédures normales qui sont celles de juges indépendants, bien loin des pratiques interventionnistes de Nicolas Sarkoz