Bernard Chaussegros donne rendez-vous au Bateau ivre, café d'Avignon dont le nom est à l'image de la campagne menée par le candidat UMP, frêle esquif prenant l'eau de toutes parts. «J'ai eu un baptême de feu au napalm», constate l'homme d'affaires, amer. Et la ville, détenue par la droite depuis trois mandats pourrait, ô surprise, basculer à gauche. «Tout a été fait pour me planter. Je me suis fait sniper tout le long. Il fallait un pantin, c'était moi», râle ce novice en politique. S'il perd, il promet d'écrire un livre et «ça sera au Kärcher» : «Je note tout.» Naïf et malhabile, celui qui se dit «pas un alimentaire de la politique», à la différence de ceux qui, dans son camp, l'ont torpillé, ignorait les règles du «marigot». Il s'en mord les doigts - ou ce qu'il en reste : «Faire de la politique sans les politiques ? Oubliez. Si vous ne connaissez pas les codes, vous êtes mort.»
Il pensait apporter sa vision de chef d'entreprise, rénover les pratiques, mais c'est lui qui s'est retrouvé englouti par les luttes d'ego et les manœuvres d'appareil. Il en tire une leçon : «Il faut sortir des schémas classiques gauche-droite, c'est de la connerie.» Chaussegros, 51 ans, est le président délégué du club de foot d'Arles-Avignon (Ligue 2). Son président, Marcel Salerno, l'interpelle aujourd'hui : «Qu'est-ce que tu es venu faire dans cette galère ?» «Je suis un malade !» répond Chaussegros.