«J’ai quitté la Tunisie pour fuir la dictature. Je vis ici depuis 1994. Depuis vingt ans, soit la moitié de ma vie, je ne peux pas exprimer mon opinion par le vote. Je n’en parle pas encore à mes deux enfants qui sont trop petits, mais je suis éducateur spécialisé dans les quartiers populaires et j’encourage des jeunes qui sont à la marge à s’intégrer socialement. Alors imaginez la situation quand je leur explique que je n’ai pas le droit de voter ! Pour beaucoup, ça concerne aussi leurs parents. Comment voulez-vous qu’ils aient du respect pour l’autorité ou pour un pays qui dépossède leurs parents de leurs droits ? Ils partent du principe que les règles du jeu sont faussées dès le départ. Quand je leur dis le contraire, ils me renvoient à la figure leur manque de confiance dans le système.
«Le discours d’intégration du Président et de son gouvernement est décrédibilisé par le fait que nous, les vieux de l’immigration, ceux qui bossent ici en toute légalité, ne pouvons pas participer à la vie politique française. Il y a quelques années, j’ai milité pour le NPA ou la LCR, sans pouvoir ensuite voter, donner mon avis dans les urnes.
«Nous accorder le droit de vote aux élections locales permettrait d’avoir des résultats qui représenteraient beaucoup plus la réalité du territoire, alors qu’aujourd’hui la classe dirigeante ne représente pas la diversité du pays. Ce n’est pas juste une histoire de droit de vote, c’est plus global. C’est symptomatique d’une conception des droits de l’