La politique est un éternel recommencement où il importe, pour durer, de prétendre qu’on veut changer les choses. Dernier dinosaure municipal français, Jean-Claude Gaudin applique ce principe à la lettre. Lors de sa première tentative (ratée) de prendre la mairie de la cité phocéenne, en 1983, il a 43 ans et pour slogan : «Le nouveau Marseille, c’est lui.» Cette année-là, malgré 2 500 voix d’avance sur Gaston Defferre, il perd, desservi par le découpage électoral (à Marseille, on vote par secteurs, soit huit élections séparées). En 1989, nouvelle candidature, nouvelle défaite, face à Robert Vigouroux, cette fois. En 1995, la victoire lui sourit enfin, et pour longtemps.
Cette année, il concourt pour un quatrième mandat. Son slogan ? «La force du changement.» Constance et culot sont les deux mamelles du gaudinisme.
Entré au conseil municipal en 1965, le sénateur maire UMP pourrait bien raccrocher à 74 ans. Mais la vie sans politique, pour lui, c’est la mort qui rôde. Il continue donc, après avoir tué la concurrence dans ses rangs.
Pourtant, en 2008, alors qu'il prétendait à nouveau «incarner le changement de Marseille», il ne l'a emporté que ric-rac face à Jean-Noël Guérini. A cette occasion, il avait sorti un nouveau slogan : «J'aime Marseille, je vote Gaudin.» Il fallait entendre : «J'aime Gaudin, je vote Gaudin».
Si les Marseillais l’élisent de nouveau le 30 mars, est-ce parce qu’ils veulent du changement ? Non, bien sûr. Ou alors, le seul qui vaille dans l’e