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Sarkozy et son clan au Bal des ardents

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Dissimulation et sentiment d’impunité d’une bande rattrapée par un feu dévastateur, l’affaire des écoutes rappelle Charles VI et la soirée funeste du 28 janvier 1393.
par Yves Bichet
publié le 19 mars 2014 à 21h16

La fête bat son plein. Les puissants dansent à nouveau. Le roi et ses conseillers, invisibles sous leurs déguisements de bons sauvages, échangent des confidences, certains de n’être ni vus, ni entendus ni reconnus. Tout le monde ignore qu’ils sont au milieu de la foule. Personne n’entend ce qu’ils chuchotent. C’est le grand charivari et le roi, malgré son esprit fragile, est en passe de retrouver la confiance des siens. Il reste invisible mais il est fêté de nouveau. On surveille ces intrus enduits de poix et d’étoupe qui dansent comme des fous enchaînés les uns aux autres. Le roi ne sait pas que la fête est dangereuse. Le roi danse la sarrasine en confiant ses projets aux oreilles de ses conseillers. Il n’est pas attaché. C’est le seul à ne pas être attaché… Ça va lui sauver la vie.

Jupons. Janvier 1393. Les lumières s'éteignent d'un coup. Soudain, un homme s'empare d'une torche et s'avance pour savoir qui se cache sous les masques. Mais ce familier du pouvoir s'approche de trop près. Les costumes s'embrasent à la seconde et les danseurs, empêtrés dans leurs chaînes, ne peuvent échapper aux flammes. Transformés en torches vivantes, ils brûlent sous les yeux impuissants du monarque qui seul garde la vie sauve car lui seul n'était pas enchaîné. Il est consterné. Une jeune femme aimante l'enveloppe de sa robe et de ses jupons et ils quittent le Bal des ardents pendant que le peuple gronde.

L’événement a un écho retentissant. On apprendra que