Le petit village de Saint-Lubin-de-la-Haye, perché au nord de l'Eure-et-Loir et mordant la frontière francilienne, aurait pu vivre une campagne des municipales paisible, entre chasse, pêche, motoculteurs et traditions. C'était sans compter sur le réveil des «rurbains», ces habitants d'origine parisienne qui ont conservé, pour la plupart, leur emploi en Ile-de-France. Au fil des trente dernières années, ils y ont posé leurs valises, faisant bondir la population de 600 à plus de 900 habitants.
Aujourd'hui, ils revendiquent des prestations «urbaines» qui tranchent avec l'actuelle politique municipale. Pour défendre leur nouveau territoire, ils viennent de déposer une liste qui fait grincer des dents (1). «La tête de liste est contre la mairie ! Eux, ils sont contre tout ! Il y a des règles publiques, je ne vais pas dire amen à tout ce qu'ils me demandent !», s'emporte Philippe Sandrin à la seule évocation de ses adversaires. Cet agriculteur a pris les rênes de la mairie en 2001 et brigue un troisième mandat. «Sur leur liste, il y a des instituteurs, des intermittents du spectacle, une syndicaliste, que des gens comme ça.»
En face, «le XV de Saint-Lubin» – du nombre de conseillers pour pouvoir constituer une liste – assume parfaitement ce profil un brin bobo