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Libération
Merci de l'avoir posée

Pourquoi diable Nicolas Sarkozy est-il allé chercher la Stasi ?

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L'ex chef de l'Etat se compare à une victime de la Stasi dans le film «La vie des autres». Franchement exagéré. Retour historique.
Dans les archives de la Stasi, à Berlin, en 2003. (Photo AFP)
publié le 21 mars 2014 à 17h05

Nicolas Sarkozy a souvent pêché par démesure. Là, il fait très fort. Dans son texte au Figaro de vendredi le chef de l'Etat, parlant des écoutes, écrit, interpellant le lecteur : «Vous lisez bien. Ce n'est pas un extrait du merveilleux film La Vie des autres sur l'Allemagne de l'Est et les activités de la Stasi. Il ne s'agit pas des agissements de tel dictateur dans le monde à l'endroit de ses opposants. Il s'agit de la France.»

La Stasi ? La police politique de l’ex-RDA (République démocratique allemande), comptait pas moins de 91 000 membres, qui passaient le plus clair de leur temps, durant le communisme, à espionner les Allemands de l’Est – dissidents, intellectuels, artistes, prêtres, pasteurs... A cela, il faut ajouter les 180 000 collaborateurs occasionnels qui dénonçaient leurs voisins, rapportaient des conversations de bureau, etc. Au total, on estime à 3,6 millions le nombre de personnes fichées – la RDA comptait 17 milllions d’habitants lors de la Chute du Mur de Berlin en 1989.

On veut bien croire qu’après huit mois d’écoutes, sachant que Nicolas Sarkozy téléphone beaucoup, les juges d’instruction chargés du dossier et les enquêteurs chargés des retranscriptions disposent de dizaines, voire de centaines de feuillets. Mais il s’agit d’une goutelette d’eau comparé aux montagnes de documents de la Stasi (Staatssicherheit, sécurité