Comme des intrus dans un no man's land. En contrebas des HLM vieillissants, une grosse dizaine de militants battent la semelle sur le marché étriqué de la place Jean-Moulin. La plupart sont venus porter la bonne parole de la maire socialiste de Reims (Marne), Adeline Hazan. Les autres celle de son compétiteur UMP pour les municipales, Arnaud Robinet, élu cantonal de ce quartier populaire. Ils bavardent entre camarades, ou se chicanent d'un camp à l'autre pour une affiche de campagne arrachée. Du bruit pour tromper le froid. Et surtout l'absence. Entre les étals des marchands, les habitants sont rares. Ceux qui déambulent gardent leur distance. Faute d'assurance parfois – «je sais pas si elle est de droite ou de gauche, mais moi je vais voter Hazan, je suis contente d'elle», confie une petite dame vivace, que le document de campagne de la maire n'aurait pas avancée, le poing, la rose et jusqu'au nom du PS n'y figurant pas –, mais plus souvent par lassitude.
Deux femmes, la trentaine éreintée, l'affirment d'emblée : elles n'ont «pas envie de voter». «C'est toujours des promesses, et il n'y a pas grand-chose qui change», dit Delphine. Installée là depuis trois ans, seule avec ses enfants, sans travail rémunéré, elle ajoute que «la sécurité se dégrade», raconte les quatre voitures brûlées en une semaine, «les jeunes qui traînent» et «les agents de courtoisie, qu'on voit pas souvent». Son amie Catherine, en couple avec un magasinier car