Au pied de l'hôtel de ville d'Hénin-Beaumont, la caméra s'avance vers un petit groupe de trois. Les autres reculent. «Non, non, c'est pas la peine...» La journaliste, dépitée derrière la caméra : « Ah bon? Vraiment personne?» Vers midi, une heure plus tôt, à l'école Octave-Legrand, tout près de là, une électrice râlait dans l'oreille d'une copine, après le passage éclair de Steeve Briois. «Avant, il y avait tous les journalistes, et maintenant personne. Alors c'est pas nous les principaux intéressés?» Pareil à 11 heures à la sortie du bureau de vote de Marine Le Pen, où 40 photographes et caméramen juchés sur des escabeaux et des chaises attendaient la présidente du FN. «Trop médiatique, soupire la femme d'un médecin. On est hélas connu à cause de ça.» Son mari : «On devrait être connu pour Samsonite, Electrolux. On avait des savoir-faire à Hénin-Beaumont, des super entreprises, des gens qualifiés.» Ici, le chômage est presque à 18% un des plus élevés de France.
Hénin-Beaumont, où les caméras agacent l'électeur, ville SFIO pendant l'entre-deux guerres, communiste à la Libération, puis socialiste et divers gauche depuis, pourrait basculer vers le Front national. Toute la matinée, ici les journalistes ont suivi le maire divers gauche Eugène Binaisse soutenu par le Parti socialiste, et surtout Marine Le Pen, candi