Une journée d’élection, c’est une pièce en trois actes. Avant 18 heures, entre 18 et 20 heures, et après 20 heures. A chaque acte, son média dominant, les autres continuant, périphériques, à s’agiter en parallèle.
Le premier acte, le temps des chaînes info, qui dès la mi-journée moulinent sans fin du taux d'abstention et des politiques le bulletin à la main, en leur bureau de vote et leur veste du dimanche (mention spéciale à Alain Juppé en improbable veston gris à carreaux du plus mauvais effet télévisuel). Le tout, c'est d'avoir l'air décontracté et là tout est bon. Il y a l'option il fait beau, j'ai mis mes verres fumés, c'est la monture choisie par Carla Bruni-Sarkozy, manque de bol apprend-on sur BFM TV, l'assesseur lui a demandé de les baisser pour vérifier son identité, c'est la loi. Il y a l'option c'est cool, on s'assoit un moment au soleil dans la cour du lycée-bureau de vote, là encore, c'est les Sarkozy, décidément über décontractés, qui s'y collent. Il y a l'option avec accessoire, comme Patrick Mennucci : un bras qui met un bulletin dans l'urne, l'autre chargé d'un gamin. Ou l'option acteur de film muet, incarnée par Christian Estrosi, à Nice, qui tire le rideau de l'isoloir et prend un air ahuri mais-que-font-là-tous-ces-photographes-holala-holala-ne-me-dites-pas-que-c'est-pour-moi.
Dans le même temps, les autres médias roupillent gentiment, telle France 2 totalement assoupie où Michel Drucker reçoit, tiens, tiens,