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Libération
Reportage

A Lille, «à quoi ça servirait de voter ?»

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Dans le quartier populaire de Lille-Sud, qui semble très remonté contre Aubry, l’abstention flirte avec les 63%.
Place Edith Cavell, dans le quartier de Lille-Sud, lundi. (Photo Aimée Thirion)
publié le 24 mars 2014 à 21h26

«Ceux qui s'occupent du peuple, ils n'habitent pas ici», dit Marie. Ils sont lassés, en colère, ou se sentent inaudibles. Sur la place Edith-Cavell de Lille-Sud, une jolie place aux maisons de brique sablée, quand on s'approche des habitants pour demander s'ils ont voté, ou plutôt pourquoi ils ne l'ont pas fait, ceux-ci commencent par rire, puis deviennent sérieux. Les enfants adultes de Marie vont et viennent entre la rue et la maison avec jardinet, les petits enfants sortent de l'école, les voisins bavardent. Il y a Omar, magasinier bodybuildé, que Marie a vu grandir, une fille commerçante qui n'a pas voté mais promet qu'elle ira dimanche, un chômeur remonté contre «les promesses non tenues de Martine Aubry» qui a voté mais ne dit pas pour qui et Aurélie, qui ne voit pas «à quoi ça servirait de voter, ce que ça va changer».

A Lille, le Front national gagne 10 points, à 17,15%, Martine Aubry en perd 10, à 34,86%, et l'abstention est en hausse, à 52,56%. Dans le quartier populaire de Lille-Sud, 62,81% des inscrits se sont abstenus. Dans un bureau de Lille-Sud, tout près de chez Marie, le FN grimpe à 32,41%, devant Martine Aubry, à 33,1%. L'abstention dépasse 55%. «Martine Aubry, il faut qu'elle se remette en question. Les emplois sur le quartier, il n'y a rien eu pour les jeunes d'ici.»

«Frissons». Marie pense que si les abstentionnistes se mobilisent au second tour, le vote Front national pourrait grimp