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Décryptage

Municipales : les indicateurs de dépression

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«Libération» et l’Observatoire du changement politique ont passé à la moulinette les chiffres du premier tour. Et dégagé trois enseignements.
Infographie rapport de force
par Jean-Yves DORMAGEN, Professeur de sciences politiques
publié le 24 mars 2014 à 22h16

En partenariat avec Libération, l'Observatoire du changement politique a étudié les résultats du premier tour des élections municipales dans les villes de plus de 10 000 habitants. Les 980 plus grandes villes françaises ont été analysées. Elles réunissent plus de 20 millions des inscrits, soit la moitié environ de l'électorat. L'espace ainsi représenté offre un bon observatoire du vote dans la frange la plus urbanisée de la société française.

1. Une abstention record dans les villes de gauche

L’abstention aura bien été, comme cela était prévisible, l’un des principaux enjeux du scrutin de dimanche. Comme lors de presque toutes les élections locales depuis 1988, elle a battu un nouveau record à l’occasion de ces municipales. Elle est traditionnellement forte en milieu urbain, donc dans les villes que nous avons étudiées, où elle a atteint 43,5%. Ce qui représente une progression de 2 points par rapport à 2008. Si l’on tient compte des 7% de non-inscrits, cela signifie que seule une moitié environ des citoyens participe encore à la désignation de leur maire. Ce haut niveau d’abstention représente aussi l’une des clefs de compréhension du scrutin. C’est elle, sans doute, qui a contribué à fausser les résultats de nombre de sondages et a suscité le sentiment de surprise généré par les urnes.

Si les sondages ont été souvent assez loin de la réalité électorale, c’est probablement parce qu’ils ont mal appréhendé les effets de «l’abstention différentielle». Nos premiers résultats paraissent, en effet, confirmer que l’électora