C'est bien un scénario noir pour François Hollande qui est sorti des urnes de ce premier tour des municipales. La France a voté, et c'est une France en crise qui a voulu infliger un désaveu au gouvernement, à la gauche et à la politique en général. La combinaison d'un niveau historique d'abstention, d'une très forte poussée du FN presque partout en France et d'une UMP qui fait le plein malgré les affaires, dresse une cartographie d'un pays malade qui ne voit plus l'intérêt de participer à une élection pourtant proche de son quotidien, et qui est de plus en plus tenté par l'expérience du vote d'extrême droite. Pour un Président qui avait fait de «l'apaisement» sa boussole politique après cinq ans de sarkozysme, ce premier tour sonne comme un avertissement cuisant. Et ce n'est pas les quelques petits motifs de satisfaction (notamment à Paris) qui peuvent tempérer ce constat.
Altitude. Depuis quelques jours, la majorité espérait pourtant que les enjeux locaux feraient rempart à la vague de mécontentement national. Les sondages n'étaient pas catastrophiques pour la gauche, le retour des affaires devait gêner la droite. Et l'impréparation du FN devait l'empêcher de réaliser une percée sur des terres vierges comme la Bretagne. En tout cas, pensait-on au gouvernement, les grandes métropoles pouvaient cacher le reflux dans les petites villes de plus de 10 000 habitants. Le tout était de ne surtout pas «nationaliser» les enjeux du scrutin