Il y a un an, les rebelles de la Séléka délogeaient François Bozizé de la présidence centrafricaine à la faveur d’un coup d’Etat. Cette manœuvre, amorcée trois mois plus tôt dans la région de la Vakaga, frontalière du Tchad, n’aurait guère été possible sans la complaisance, pour ne pas dire la complicité, du président tchadien, Idriss Déby. Fondé sur des rivalités politiques et pétrolières, ou sur de simples considérations sécuritaires, le soutien de ce dernier à la rébellion Séléka a signé l’acte de décès d’un Etat centrafricain déjà fragile. L’instabilité en RCA a généré une crise humanitaire sans précédent. Pour autant, Déby ne semble pas pâtir de son choix stratégique. Il est au contraire en train de s’imposer comme le nouveau pivot de notre politique africaine.
Historiquement, le Tchad a toujours compté parmi les partenaires privilégiés de la France en Afrique subsaharienne. Au lendemain de l'indépendance, la signature entre Paris et N'Djamena d'un accord bilatéral de défense a fait de ce pays le «coin supérieur droit du pré carré français», comme aiment à le dire nos diplomates. La ratification, quelques années plus tard, d'une «convention secrète de maintien de l'ordre», a donné une légitimité aux interventions françaises dans les affaires tchadiennes. Enfin, le déploiement du dispositif Epervier pour soutenir le précédent président Hissène Habré, en 1986, a consacré la personnalisation de nos relations avec ce pays.
Lors de son célèbre discours de Cot