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EDITORIAL

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publié le 25 mars 2014 à 21h56

Le front républicain, ce si joli syntagme, s'est-il fracassé sur les dures réalités de la carte électorale cuvée 2014 ? Dans l'absolu, la cause est juste : les partis républicains se sacrifient pour empêcher l'élection des candidats du FN. Les 82% obtenus par Jacques Chirac en 2002 devenant l'indépassable jauge de cette discipline de vote. Politiquement, la cause est-elle entendue ? La droite depuis longtemps ne respecte plus la règle commune. L'ambigu «ni-ni» est devenu son compas déréglé, et le front républicain n'a de sens que si les deux parties en jouent le jeu. La droite a abandonné ce principe éthique ; elle s'inspire plus qu'elle ne combat les idées du Front national.

Comment expliquer à un électeur de gauche qu'il doit faire élire un candidat de droite qui laboure sur les mêmes thèmes nauséabonds que les fascistes bleu marine ? Le front républicain n'est pas une réponse politique à la question du FN qui hante la France depuis trente ans. Pire encore, cette tactique d'appareil nourrit par l'exemple la propagande frontiste sur la complicité entre les partis dominants. «La caste», selon les mots du FN. On s'attaque aux effets des victoires du Front national et non à ses causes. Le mouvement des Le Pen prospère sur les dévoiements et corruptions des partis, comme le PS à Hénin-Beaumont ou la droite à Fréjus.

Les socialistes au pouvoir ont une responsabilité historique et morale de ramener ces électeurs dans le récit national collectif et solidaire. Ce n