Le score du Front national aux municipales n’est pas une surprise, et la nouvelle époque dans laquelle nous entrons est celle de tous les dangers. Parce que le désespoir sans issue est immense. Parce que la crise économique et sociale s’approfondit malgré ce qu’on veut nous faire croire en affichant les résultats mirobolants de la Bourse (seuls les très riches continuent à s’enrichir). Parce que notre société est devenue incroyablement complexe à gérer et réclame des cohortes d’experts à lunettes pour résoudre le moindre problème. Parce que la vie elle-même va toujours plus vite, s’étend aux rivages sans fin d’Internet et exige que l’on devienne une sorte d’intellectuel savant opérant les justes choix dans tous les domaines (pour s’alimenter sans risque, bien élever son enfant et voter intelligemment bien sûr). Trop, c’est trop ! Trop de rapidité, trop de complexité, alliées à la souffrance, au désarroi et à la perte d’estime de soi pour les plus fragiles. Pour ceux qui se sentent abandonnés sur le bord de la route, ringardisés, et ne comprennent plus cette société trop sophistiquée des élites et des branchés en tous genres les regardant de haut. Et même si les élites ne les regardent pas de haut, eux pensent que c’est bien le cas, qu’ils sont méprisés. Le mépris, telle est la question !
Il existe aujourd’hui dans la France profonde des villes et des campagnes un désir gigantesque de respect, de reconstitution d’une fierté perdue. Un désir qui se fonde sur la nostalgie de val