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Libération

La diagonale du flou

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publié le 26 mars 2014 à 19h56

La défaite du Parti socialiste au premier tour des élections municipales était inéluctable mais sa déroute ne l’était pas. Ce qui a fait la différence, ce qui a transformé un revers attendu en échec fracassant, c’est l’absence sidérante de toute stratégie claire, assumée et vigoureuse. Une fois de plus, le PS a godillé entre deux lignes, hésité entre deux discours, trébuché entre deux méthodes. Pas de plan, pas de leader, toujours la tentation de l’entre-deux, la diagonale du flou. Le Parti socialiste devrait changer d’emblème. Plutôt que la rose, il devrait arborer une chauve-souris.

Qu’il soit pratiquement impossible de gagner des élections locales, tout le monde le savait. Même le général de Gaulle en 1959, à peine élu président de la République, venant tout juste de faire plébisciter sa Constitution, s’est fait signifier aux élections municipales qu’on peut être un grand homme mais pas un demi-dieu. Les Français ont pour habitude de châtier aux élections municipales ceux qu’ils ont portés au pouvoir national. La seule exception date de 1989, lorsque François Mitterrand et Michel Rocard siégeaient, l’un au palais de l’Elysée, l’autre à l’hôtel Matignon, mais justement, la politique était alors baroque. Aujourd’hui, elle est grise.

Elle est même gris foncé. Un président impopulaire, un gouvernement décrié, un sentiment général d’impuissance, d’abandon, d’échecs sans cesse répétés, cela ne peut se traduire que par un vote sanction. Trop d’illusions semées pendant la campagne