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Libération
TRIBUNE

La virulence contre les journalistes ne fait pas une politique

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par Christophe Deloire, Secrétaire général de Reporters sans frontières
publié le 27 mars 2014 à 17h06

«On n'attaque pas la presse», disait François Mitterrand, qui dénonça tout de même les «chiens». Ces jours-ci on attaque beaucoup la presse. Depuis la dernière campagne présidentielle, et plus encore depuis quelques semaines avec les «affaires», on lui assène des coups verbaux avec une violence inédite. Nicolas Sarkozy, dans sa tribune au Figaro, s'emporte contre «les milliers d'articles rédigés à charge» contre lui, une «boue complaisamment répandue». A droite, c'est une litanie d'accusations. Jean-François Copé dénonce les «Tartuffes bouffis d'orgueil», Rachida Dati les «vrais tocards». Pas tous, mais quand même. N'en jetez plus…

La campagne pour les élections municipales a donné lieu à des attaques en règle qui traduisent une curieuse conception de la démocratie. A l'extrême droite, Marine Le Pen invective Canal + : des «bobos horribles, pleins de morgue». A Paris, Nathalie Kosciusko-Morizet accuse une journaliste du Monde d'être «la 21e tête de liste du PS». Nicolas Dupont-Aignan accuse untel d'être «une merde intégrale». Le dirigeant du Parti de gauche Jean-Luc Mélenchon lance sur son blog un appel à la vindicte : «N'ayez aucun scrupule à dire très haut ce que vous pensez de cette caste partout où vous le pouvez, de manière à créer une ambiance qui leur soit partout contraire et méprisante. Et consolez-vous : ils ne valent pas plus cher.» Faut-il se féli