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TRIBUNE

Société et politique, déliaisons dangereuses

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par Guillaume Le Blanc, Professeur de philosophie à l’université Bordeaux- Montaigne et Damien Bright, (1) Professeur de philosophie à l’université Bordeaux- Montaigne
publié le 27 mars 2014 à 17h06

Il est admis que la politique n'est pas à la hauteur de la société qu'elle représente. Le fort taux d'abstention, souvent cité à l'appui de cette thèse, admet également une autre explication. Ne pourrait-on pas dire, à la lumière des campagnes pour les municipales, que la société n'est pas à la hauteur de la politique ? Un fait doit être analysé, qui ne l'a pas été jusqu'à présent : la neutralisation des idées politiques nouvelles par la société civile elle-même. Dans beaucoup de villes, les idées neuves portées par les candidats d'opposition ne sont tout simplement pas audibles. Les «sept merveilles» développées par le candidat socialiste Vincent Feltesse étaient un réel apport à la transformation de la ville de Bordeaux. La création d'une pépinière des solidarités numériques ou d'une villa Montaigne comme espace de réflexion en faveur de Lumières du XXIe siècle, la constitution d'un quartier latin autour de la place de la Victoire historiquement occupée par les étudiants, permettraient à Bordeaux de se doter de trois structures indispensables à son développement économique, culturel et universitaire. Seulement, les Bordelais n'ont pas pris la mesure de ces apports.

Les analyses les plus intéressantes mettent en avant le désaveu de la classe politique par la société civile. Le monde politique fonctionne chaque jour davantage comme un monde séparé, hors des repères et des attentes des gens, s'isolant et faisant écran, au point que la fonction même de représentation