A l'accueil de la mairie de Bagnolet, un quidam s'étonne : «Ça change, dites !» De fait, que l'on apprécie ou pas son architecture alambiquée, le nouvel hôtel de ville en impose. Inauguré fin 2013, ce bâtiment massif est quatre ou cinq fois plus grand que l'ancienne mairie, conservée intacte sur le même site. Tout autour se poursuit un grand chantier d'où sortira le futur centre-ville. Mais dans la mairie neuve, derrière son comptoir, l'hôtesse d'accueil s'excuse de n'utiliser qu'un stylo rouge : «Les noirs, on nous les pique. Et on a plus d'argent pour en racheter.»
Drôle de contraste entre le gigantisme du chantier et ce détail. Lorsque l'on rapporte l'histoire à Tony di Martino, candidat socialiste à la mairie, il ne s'en étonne pas : «Dans les écoles, il n'y a plus de papier-toilette. Dans les imprimantes, il n'y a plus de feuilles. Il a un moment été question de réduire les portions servies dans les cantines. Et chaque année, à l'été, on presse les fonctionnaires de passer leurs commandes avant que le budget ne soit épuisé, dès septembre.» A Bagnolet, aucun des quatre candidats en lice pour le second tour – trois de gauche, un de droite – ne dissimule son malaise devant l'état de la ville. Une statistique revient en permanence : au hit-parade des communes endettées, la leur se classe quatrième.
«Mégalomane, paranoïaque»
Que se passe-t-