Cécile Helle, en bonne géographe, ne perd pas le nord : certes, la candidate socialiste peut faire basculer Avignon, et offrir à la gauche un coin de ciel bleu dans le Sud. Mais rien n'est joué : «J'attends, dit-elle. Il y a toujours une part d'aléatoire…» L'arithmétique est de son côté : ses 29,54% du premier tour (liste PS-EE-LV) ajoutés aux 12,46% d'André Castelli, du Front de gauche, avec qui elle a fusionné, peuvent suffire face au FN (29,63%), alors que l'UMP, après trois mandats de Marie-José Roig qui a torpillé sa succession, est à la ramasse (20,90%). Mais il lui faut se méfier du candidat d'extrême droite, Philippe Lottiaux, bien propre sur lui - «c'est le serpent du Livre de la jungle, en train d'endormir son monde, style "aie confiance…"» décrit un Avignonnais. «Le siphonnage que le FN a opéré dans les citernes de la droite n'est pas fini, dit André Castelli. Combien reste-t-il dans la citerne ?»
«Passerelles». Si le parti d'extrême droite est arrivé premier de 27 voix, c'est aussi que beaucoup «ne croient plus à la politique», constate Cécile Helle. La ville de 91 000 habitants est fracturée, avec des quartiers populaires hors des remparts historiques qui se sentent abandonnés. «Les quartiers vivent côte à côte, pas ensemble, constate Emmanuel Serafini, directeur des Hivernales, le centre de développement chorégraphique. Il y a toujours une séparation, y compris dans les têtes.